par juil 4, 2011
leJuste à côté de la rue de Verneuil se trouve ce restaurant, le Bistrot de Paris où Serge était un habitué. Dans le reportage de Grégory Phillipps pour France Info « Le Paris de Gainsbourg » diffusé le 2 mars 2011, on apprend de multiples choses et notamment via le témoignage de Jean Gabriel Debeuille, l’actuel propriétaire du Bistrot de Paris, et Gérard Cohen, propriétaire du Galant Vert, un restaurant du quartier qui n’existe plus aujourd’hui mais où Serge avait aussi ses habitudes. C’est également ici que Gainsbourg pris son dernier repas avec sa fille Charlotte et Bambou le 1er Mars 1991.
Voici la retransription du reportage radiophonique de France Info « Le Paris de Gainsbourg » :
Rue de Verneuil, Rue de Beaune, Rue de Lille jusqu’au 33 pour aller jusqu’au bistrot de Paris, Gainsbourg empruntait toujours le même parcours en passant à chaque fois devant cette galérie d’art Faccheti qu’il adore et où dans les années 70 il achète la statue de Claude Lalanne l’Homme à tête de chou.
Au Bistrot de Paris il a aussi toujours les mêmes rituels que décrit l’actuel propriétaire du restaurant Jean Gabriel Debeuille : « Quand Gainsbourg arrivait il mangeait à la table 46, en face du bar sous la verrière, au dessus des 2 marches pour pénétrer au bar et il passait devant le passe de la cuisine, cuisine qui est semi ouverte. Il voyait le chef, toute la cuisine. Il y a un pic en métal et lui quand il arrivait il disait Bonjour en cuisine et il piquait un billet de 500 Francs sur le pic et il allait s’assoir. Et c’était fait en plus à une époque où les cuisines étaient encore beaucoup au sous-sol, les chefs n’étaient les stars qu’ils étaient donc c’était aussi un regard projeté sur les gens de l’ombre auxquels on ne prête jamais attention et ça aussi je pense que c’étaient une des belles facettes de Serge Gainsbourg« .
Si Gainsbourg aime tant cette brasserie parisienne reprise dans les années 60 par le cuisinier de la télé Michel Oliver c’est parce qu’il y règne une ambiance littéraire. C’est là d’ailleurs que le chanteur vient fêter la publication de son premier roman Evguénie Sokolov publié en 1980 par Gallimard.
Ce qui est amusant c’est au temps des établissements provencins, le Bistrot de Paris était la cantine d’André Gide et de Paul Valéry et je pense qu’il était sensible d’aller dans des établissement qui étaient chargés d’une histoire, très fréquenté par tous les auteurs de Gallimard donc je pense que pour lui c’était aussi important.
Dans ce 7ème arrondissement près des Quais de Seine aimait aussi diner au Galant Vert, un restaurant qui aujourd’hui n’existe plus mais qui dans les années 80 était fréquenté par le tout Paris, artistes comme politiques, l’ancien patron, Gérard Cohen est devenu un ami proche du chanteur. Il y avait Raymond Barre qui était au restaurant et Serge était aussi au restaurant. Il me dit « Tu permets Gérard que j’aille parler au Ministre« . Ah je lui dit « Attends, Tu vas faire encore des merdes, je vais lui demander si il veut bien t’entendre« . Barre me dit » Oh non si Gainsbourg ne bouge pas je viens à lui« . Il va vers Gainsbourg et lui dit « Bonjour Monsieur Gainsbourg« . Serge à ce moment là lui dit « Excusez moi monsieur le Ministre, vous savez que vous êtes dans un restaurant à voile et à vapeur ici, oui il y a tous les socialistes qui viennent au restaurant, il y a même le président de la République » Je me souviens de la réponse de Raymond Barre : « Vous savez mon cher ami dans ce domaine je suis d’un grand œcuménisme, si le Président vient ici c’est qu’il connait les bonnes maisons« .
Au Bistrot de Paris le patron se souvient que Gainsbourg ne commandait que les meilleurs vins, Champagne Krug et Château Soutard, d’ailleurs le sommelier du restaurant continue aujourd’hui encore à en commander, c’est là dans ce restaurant que le 1er mars 1991 le chanteur prend son dernier repas avec sa fille Charlotte et sa compagne Bambou. Gainsbourg meurt dans la nuit à son domicile du 5bis rue de Verneuil, à 3 rues d’ici.